Le « burn-out syndrom » ou syndrome d’épuisement professionnel

Si le « burn-out » se signale par des symptômes semblables à ceux de la dépression (épuisement physique et psychique, irritabilité, baisse de l’attention, troubles du sommeil, algies diverses…), le contexte d’apparition se révèle bien spécifique au sens où il suppose la rencontre entre une configuration professionnelle particulière et les points de vulnérabilité du sujet normal.

Des situations professionnelles à risque

En d’autres termes, certaines situations professionnelles sont repérées par les chercheurs comme « à risque ». Ce sont en général celles qui supposent, par exemple, un fort investissement affectif (c’est le cas des soignants ou des enseignants notamment), une responsabilité personnelle et puissamment engagée par rapport à autrui, ou encore des objectifs assignés soit trop élevés par rapport aux ressources, soit incompréhensibles, etc.

Une pathologie sociale…et individuelle

Même si la dimension collective prime (le burn-out est bien une pathologie avant tout sociale), il n’empêche que certains se révèlent moins sensibles que d’autres. On sait effectivement que la vulnérabilité d’une personne sera accrue si elle adhère à l’idée qu’elle « y peut quelque chose » (d’où le burn-out abusivement dépeint au début des recherches comme la « maladie des battants ») et si cette croyance est corrélée à une autre équation mettant en lien performance professionnelle et estime de soi – équation possiblement aggravée par une vie extra-professionnelle appauvrie.

Du stress au burn-out

Initialement, de chaque écart entre ses attentes et ce que lui renvoie le réel professionnel résulte un stress pour le sujet.

La répétition de ces stresses le conduit alors à mettre en place des réponses qui, à leur tour, alimenteront le stress initial : typiquement, une hyperactivité supposée apporter « la » solution, et qui s’avère finalement inefficace voire stérile.

La réponse suivante consiste alors en ce que les chercheurs ont malencontreusement nommé « dépersonnalisation » (alors que ce terme dépeint déjà en psychopathologie le tout autre sentiment d’être étranger à soi-même) puis « cynisme » (qui est une philosophie) alors qu’il aurait été plus adéquat de qualifier de réification (“chosification”). Pour prendre l’exemple du soignant, il s’agit du mécanisme qui consiste à mettre à distance son patient qui devient « l’ulcère de la chambre 12 ». Une caractéristique du burn-out est de rester longtemps indétectable car les mini-stresseurs (stresses initiaux successifs) n’occasionnent chez le sujet aucune réaction visible.

Pistes thérapeutiques

Là où un consultant en sociologie des organisations aborderait le volet social du burn-out en décrivant l’institution en vue d’en proposer la modification, le psychologue clinicien se focalisera dans un premier temps sur la personne pour comprendre, à travers son histoire, quels sont les enjeux relationnels et narcissiques et pourquoi ils sont vécus au point de mettre en jeu l’intégrité physique et psychique du sujet.

Dans un second temps, la connaissance de la vie en institution et en entreprise peut permettre au psychologue d’aller au-delà d’une approche clinique en aidant le patient à décrire et à analyser finement son environnement professionnel afin non seulement de trouver la « bonne distance » mais encore de parvenir à poser des limites entre ce qui relève de sa responsabilité et ce qu’il endosse à mauvais escient. Enfin, recenser les réponses mises en place par le patient en situation de stress professionnel et en analyser la pertinence contribue à mettre en place les conditions du changement