Avec ou sans l’autre ?
Désamour, indifférence, incommunicabilité, mésentente, jalousie, adultère, violence… Les plaintes des patients se révèlent diverses mais s’accompagnent d’un réel désarroi quand ce n’est pas d’un véritable effondrement psychique, comme si l’harmonie du couple conditionnait l’épanouissement individuel.
De la psychologie à la philosophie…
Philosophique autant que psychologique, la question ne se résume t-elle pas in fine à une claire conscience de la relation Moi-Autre dans un apprentissage (douloureux) de la « bonne distance » ?
Effectivement, on rejoindra sans nul doute Martin Buber selon qui « L’homme devient un Je au contact du Tu (…) Devenant Je, l’individu peut alors se rapporter au Cela du monde » .
L’Autre du couple se résume t-il à n’importe quel Autre ? Ce serait éluder la tyrannie du Désir, alors même que nos sociétés modernes ont délaissé le mariage arrangé par les familles (en vue de constructions à moyen ou long terme, patrimoniales ou politiques) au profit du mariage d’amour…
Et si l’on définit, avec N. Grimaldi, le désir comme « l’attente d’une satisfaction qui comblerait celui qui l’éprouve » et que l’on veut bien se souvenir qu’ Eros se nourrit de l’inaccessibilité de l’aimé(e), quel est le sens d’un « mariage d’amour » ?
Monogamies successives …Voilà donc chacun(e) face à l’aporie suivante : faire coïncider passion éphémère et pérennité de l’engagement, sachant que le second terme annule, par nature, plus ou moins rapidement le premier… Dans un tel contexte, une alternative s’offre à nous : soit oublier Eros pour Philia (joie que l’Autre existe) voire Agapè (l’amour divin et inconditionnel), soit recommencer la même séquence avec un autre partenaire (monogamies successives), les enfants se trouvant alors fortement investis du désir de durée, dans la mesure où le spectre du couple n’est plus celui du joug conjugal mais bien de la séparation…
Deux perspectives au moins pour aborder une problématique concernant le couple :
– Une approche qui consisterait à aborder le paradigme du couple sous l’angle d’un « tout qui serait plus que la somme des parties » et l’on s’oriente alors vers une thérapie de couple, qu’il s’agisse d’une appréhension systémique du couple dont on tente de modifier le fonctionnement communicationnel, ou qu’il s’agisse d’une approche psychanalytique voire psychodramatique ;
– Une approche où l’on considère le couple en tant que rencontre « nécessaire » (au sens de « qui ne peut pas ne pas être » ) de deux singularités : l’approche psychothérapique concerne alors le sujet singulier dans son couple et vise à ce qu’il parvienne, lui, à comprendre ce qui s’est joué le concernant dans la constitution de son couple, à identifier ce qu’il attend de cette relation et à définir les conditions de possibilité/impossibilité relatives à la pérennité du couple.