L’EXPATRIATION

L’expatriation : Partir loin de chez soi, de ses racines et le vivre bien

L’expatriation n’entraîne pas mécaniquement une “pathologie de l’exil”. Cependant, l’éloignement confronte à de nouvelles expériences qui peuvent parfois être vécues comme “débordant” la personne – le sentiment de déracinement n’étant, à ce titre, pas proportionnel aux kilomètres parcourus : un déménagement dans une nouvelle région peut générer une souffrance comparable.

Ce ressenti de violence fait alors écho à trois problématiques distinctes :

– la séparation (d’avec la famille, les amis, l’univers familier…)

la solitude (intégration difficile, qu’il s’agisse du lien à créer avec la culture locale ou de se rapprocher d’un nouveau groupe – groupe d’expatriés déjà constitué, par exemple…)

la déception : au-delà des motifs rationnels (économiques, professionnels) ayant présidé à la décision de départ, il arrive qu’ait été inconsciemment assignée une fonction de réparation quasi magique (concernant la sphère relationnelle, l’estime de soi…). Si chacun a pu faire l’expérience de l’analogie entre le monde extérieur et l’espace intérieur, il est douloureux de s’avouer que changer d’horizon permet rarement d’élucider d’anciennes énigmes ou de liquider des souffrances enkystées.

Il va de soi que les conditions parfois difficiles (climat, risques sanitaires etc.) ne font qu’accroître le mal-être. En outre, les problématiques liées à l’expatriation peuvent concerner la famille dans son ensemble, et notamment le conjoint qui a “suivi”.

Enfin, le retour après une longue absence constitue un potentiel de déstabilisation à ne pas sous-estimer.

Et même quand elle n’entraîne pas une pathologie spécifique, l’expatriation rend souvent difficile, dans les moments où il serait opportun de consulter (lors d’un épisode dépressif par exemple), le recours à un psychologue (que ce soit par l’absence de professionnel à proximité ou du fait d’une barrière linguistique – partielle ou totale). Dans ce contexte, la possibilité de consulter un psychologue par téléphone ou en visio offre plus qu’une alternative.

LES T.O.C.

 Trouble ou névrose

La « névrose obsessionnelle » se caractérise par des symptômes obsessionnels ou compulsifs envahissants, survenant sur une personnalité de type obsessionnel ou psychasthénique. Ces symptômes sont qualifiés de « défenses primaires » (à savoir contre l’angoisse).

Obsessions et compulsions

Les obsessions (obsidere : assiéger) sont des idées ou des représentations qui s’imposent au sujet malgré lui.
« Idéatives » (autrefois “folie du doute”) lorsqu’il s’agit de questions spirituelles, métaphysiques ou morales.

« Phobiques lorsque » la seule pensée de l’objet redouté (crainte d’être contaminé ou atteint par une maladie par exemple) génère une anxiété massive.

« Impulsives », elles décrivent la peur de commettre malgré soi des actes graves et répréhensibles. Elles occasionnent une lutte anxieuse à valeur conjuratoire (qui prend la forme de pensées ou d’actes).

Les « compulsions » représentent en quelque sorte, sur le versant de l’agir, l’équivalent de ce que sont à la pensées les obsessions : un acte absurde ou ridicule s’impose au sujet qui se sent contraint de le réaliser (ne pas poser le pied sur les dalles noires ou les marches « impaires », toucher un objet à un moment précis, etc.).

Des défenses destructrices

Assailli de la sorte, le sujet met en place des réponses supposées contenir les obsessions et les compulsions :

Les rituels qui se matérialisent par des séquences d’actes ( deux pas à gauche, un claquement de main, un pas à droite par exemple) devant absolument entourer des moments banals de la vie ;
Les vérifications répétées, qui se matérialisent par une répétition d’actes simples (retourner vingt fois vérifier que le gaz est coupé ou se laver les mains des dizaines de fois par exemple).

Les unes et les autres constituent une « défense secondaire » contre les compulsions et obsessions.
Elles pourront à leur tour générer une nouvelle vague de mesures conjuratoires et ainsi de suite selon une complexité croissante et tyrannique.

Des causes enfouies

La théorie psychanalytique semble proposer l’hypothèse la plus convaincante et la plus globale pour rendre compte de l’économie psychique du névrosé obsessionnel : la valeur transgressive des obsessions et compulsions témoignerait du conflit inconscient entre le “Moi” (le sujet, en quelque sorte) et le “Ca” (la pulsion libidinale).
C’est ce conflit que le sujet tente d’aménager au moyen de divers mécanismes de défense :
– les “formations réactionnelles” (par exemple une bienveillance excessive masquant l’agressivité),
– l’ “isolation” et le « déplacement » (la représentation et l’affect étant scindés, l’affect peut aller se « greffer » sur une représentation anodine, expliquant ainsi le caractère absurde des obsessions)
– l’ “annulation” (qui permet à l’obsessionnel, par la « magie » de la pensée, d’annuler une pensée ou une action).

En ce sens, il semblerait que se focaliser sur un hypothétique conditionnement soit moins fructueux qu’aller à la rencontre de la parole du sujet sur son histoire, avec une particulière attention aux questions de la relation d’objet et de la structuration du désir.